1 N’ayez pas peur du GENDARME

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 Souvent considéré à tord comme un parasite, c’est aussi un auxiliaire qui se substitue aux coccinelles dans la lutte contre les pucerons

LE GENDARME, UNE PUNAISE INOFFENSIVE

Le gendarme, Pyrrhocoris apterus, appelé aussi suisse, soldat ou cherche-midi, est facile à identifier : avec sa carapace rouge et noire et sa tendance au regroupement, il ne passe pas inaperçu au jardin. Les jardiniers le soupçonnent parfois d'occasionner des dégâts sur les plantes, d'autres regardent d'un mauvais œil cette foule d'insectes rouges et noirs massée sur les troncs ou le long des murs, au soleil... Que tout le monde se rassure ! Le gendarme, est un insecte totalement inoffensif. Il ne grignote pas les feuilles des végétaux, ni ses racines, ne pique généralement pas les humains, ne mord pas, et, contrairement à la majorité des punaises terrestres, n'a pas d'odeur !

La taille d'un gendarme adulte est d'en moyenne 1 cm. On le reconnaît facilement aux dessins de sa carapace : un triangle noir, deux grandes taches noires et rondes et 2 autres plus petites. Ces dessins auraient une fonction aposématique, c'est à dire de mimer l'aspect d'un animal plus gros pour effrayer les agresseurs, et il est vrai qu'ils évoquent un masque africain !

Le gendarme est un insecte hémiptère, et plus précisément hétéroptère (famille des punaises). En dépit de son nom, Pyrrhocoris apterus, il n'est pas aptère : il possède 2 paires d'ailes (1 paire postérieure, membraneuse, et une paire antérieure, partiellement cornée). Cependant, il ne vole pas car ses ailes sont trop courtes : on le qualifie de brachyptère (sauf certains individus, dits macroptères, qui sont capables de voler et apparaissent quand les conditions de vie dégradées imposent au gendarme d'aller voir ailleurs s'il y fait meilleur vivre !).

QUE MANGENT LES GENDARMES ?

L'appareil buccal du gendarme est de type piqueur-suceur, comme le puceron (il est donc bien incapable de "grignoter" les feuilles, ce dont il est parfois injustement accusé). Il se nourrit de préférence de plantes de la famille des Malvacées (hibiscus, mauves, guimauve...) et des Tiliacées (tilleul). Il apprécie particulièrement leurs fruits et leurs graines, qu'il pique à l'aide de son rostre et dont il suce les sucs. Quand ces plantes manquent, il ne fait pas le difficile et consomme d'autres végétaux, mais aussi des petits insectes vivants (pucerons) ou morts (il "pique" les cadavres pour en absorber le contenu liquide), ou des oeufs d'insectes. Il n'est donc pas néfaste au jardin, il est même utile, en aidant le jardinier à se débarrasser d'insectes indésirables : il fait partie des auxiliaires, comme la coccinelle, l’araignée (qui n'est pas un insecte), la chrysope, le staphylin, le syrphe ou le carabe.

REPRODUCTION ET CYCLE DE VIE

Le gendarme est visible de mars-avril à octobre-novembre. Les accouplements (très peu discrets : ils durent 12 à 24h et le mâle et la femelle "accrochés" ensemble se tournent le dos) commencent au début du printemps, aux premiers beaux jours, lors de l'émergence des jeunes adultes après l'hibernation.

Les femelles pondent leurs œufs -une cinquantaine- sous des pierres, des feuilles, dans les fissures d'un mur ou de l'écorce d'un arbre, ou même dans la terre, juste sous la surface. Les œufs mesurent 1 mm (blancs après la ponte, et virant au jaune orangé ensuite) éclosent après environ 2 semaines, la durée d'incubation variant selon la température.

De jeunes larves en sortent : elles sont d'abord de couleur orange pâle, puis, au fur et à mesure qu'elles passent par les différents stades larvaires (il y en a 5), leur taille augmente, leur couleur évolue vers le rouge clair, et les ailes se dessinent. Les taches noires apparaissent au cours du développement larvaire pour ne prendre leur forme définitive qu'après la dernière mue (mue imaginale). Les larves se développent avant la fin de l'été : seuls les imagos (=jeunes adultes) hibernent. Tout au long de l'été, on voit se côtoyer des individus à différents stades : larves plus ou moins âgées, et adultes. En automne, les jeunes adultes entrent en hibernation : ils se mettent à l'abri sous des débris végétaux, entre des pierres, sous une écorce, un tas de bois mort, et passent l'hiver.


 

Publication LE JARDINIER SARTHOIS N° 533  du 3ème trimestre 2020,                            Gilbert COURANT

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